8. s’opposer : un jeu ? une tradition ? un principe ?

“Siéger dans l’opposition”, une expression pour un conseil municipal de village qui m’interpelle. La nature des sujets à traiter étant somme toute réduite, il ne peut pas s’agir d’opposition idéologique, ni de “contre-pouvoir” fondamental. Une tradition républicaine ? Un jeu d’acteurs ?

L’intérêt majeur pour la collectivité doit primer avant tout. 

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Et voilà, le conseil municipal de mon village, Arthez de Béarn, s’est réuni pour la première fois ce vendredi 3 juillet. Dix-neuf femmes et hommes légitimement choisis par la population à l’issue du processus électoral tel qu’établi par la loi, à savoir un scrutin de liste avec prime majoritaire.

Je m’empresse de féliciter chacun de ces Arthéziens pour s’être engagé dans une telle démarche aboutissant à régler collectivement, au sein du conseil municipal, les affaires de la responsabilité de la municipalité. 

Certes cet ensemble des Dix-neuf  est issu de deux listes en compétition jusqu’au 28 juin dernier, mais à présent je ne distingue pas ce qui pourrait les opposer. Pendant leurs campagnes, ils revendiquaient des valeurs totalement similaires, et leurs programmes étaient assez peu contradictoires (lire mon post "moi, maire d'Arthez de Béarn, ..." ) hormis principalement le point structurel de l’emplacement de la maison de retraite rénovée. Or, sur ce point, un comité de pilotage ad hoc a été annoncé pour étudier les différentes options, ce qui permettra de mieux prendre en compte les différents points de vue et arguments en vue de dégager une solution largement partagée voire consensuelle.

Ainsi, l’expression “siéger dans l’opposition”, traditionnellement revendiquée par les élus de la liste minoritaire, ne me fait pas grand sens dans le cas d’un village comme le mien, mais relèverait plutôt du genre de guerres picrocholines. J’attends personnellement de ce groupe des Dix-neuf, sous l’égide du maire qu’il a choisi, qu’il instruise intelligemment les dossiers de son ressort et agisse, en tirant le meilleur profit de l’expérience de chacun. Et à dix-neuf on réunit plus d'expérience, de capacités et de talents qu’à quatorze !

Dans ce même état d‘esprit visant à privilégier l’intérêt majeur de notre collectivité tout en valorisant les compétences de chacun des conseillers, il serait d’ailleurs avantageux que chacun de ces Dix-neuf exprime librement ses points de vue pour enrichir la qualité des décisions du conseil municipal. En l'occurrence, je pense même que chacun devrait moralement s’y obliger sachant que, au-delà des engagements déjà annoncés pendant la campagne électorale, les décisions qui seront à prendre pendant la mandature ne relèveront a priori d'aucune “chapelle de pensée”. Je n’ai pas de problème avec le consensus final, pour autant qu’il résulte d’un débat  en profondeur, ouvert, et argumenté ... bien au contraire, je l’appelle de mes vœux.

De même, si j’imagine aisément qu’il maintiendra les bonnes pratiques existantes à l’égard des élus “de l’opposition”, le nouveau maire gagnerait incontestablement en estime en démontrant une vraie capacité de management de ce groupe des Dix-neuf grâce en particulier à de nouvelles initiatives.

En clair, il me semble que notre conseil municipal devrait dorénavant chercher à s’enorgueillir de ne pas reproduire les vieux réflexes du “15 contre 4”, stigmatisant les listes de provenance des conseillers pour sacrifier à un “rite républicain” d’autres temps. Tout comme il pourrait aussi chercher à s’enorgueillir de valoriser le débat en son sein, et en particulier au sein des “15”.

La transparence étant ici vecteur de progrès, je suggère même au conseil municipal de rendre publiques ses séances via les moyens de communication aujourd’hui entrés dans la vie courante tels que réseaux sociaux. Je sais que celles-ci sont déjà publiques en présentiel ; mais la visio-transmission et/ou les vidéos mises à disposition donnent incontestablement une toute autre dimension à la responsabilisation des conseillers vis-à-vis de la population, ainsi d’ailleurs, et surtout, qu’à l’implication des citoyens dans la vie de leur commune.
 

Des nostalgiques, parmi lesquels je me compte sans vergogne, pourront déplorer la règle appliquée pour l’élection municipale dans un village comme le mien, règle que j’assimile, avec à peine un peu d'humour, aux joutes nautiques où toute une équipe rame pour faire gagner sa tête de gondole, toutes choses étant égales par ailleurs. Un scrutin “à l’ancienne”, majoritaire et plurinominal avec panachage continue en effet de me paraître la règle la plus adaptée puisque, dans le fond, il s’agit dans notre cas de choisir les femmes et les hommes à qui confier la gestion de la collectivité. À défaut, et pour se rapprocher de ce mode-ci de scrutin avec panachage, le schéma d’une troisième liste aurait pu être une solution (lire mon post daté du 21 février 2020, pré-campagne municipale : on continue com' d'hab ? ).

Mais dura lex sed lex, la règle est la règle, et on ne refait pas l’histoire ! Et puis surtout, groupe des Dix-neuf, tous mes vœux accompagnent ce message pour que vous fassiez de cette nouvelle mandature un modèle de citoyenneté participative, d’intelligence collective et de progrès pour notre village.

Jean-Michel Cabanes