En rédigeant ma tribune n'effacez pas l'Histoire ! l’été dernier, j'étais loin d'imaginer que je devrais revenir sur le sujet dans son acception littérale ! La nouvelle équipe municipale a en effet effacé du site internet officiel de la commune tous les comptes-rendus et délibérations du conseil municipal antérieurs à son élection qui s'y trouvaient... et j’imagine que, sur une autre page, l’historique des décrets municipaux ne doit son salut qu’à la présence aussi de décrets préfectoraux. Quand bien même on peut penser que ces documents, sous leur forme papier, restent conservés dans un classeur bien gardé à la mairie, le geste n’est pas neutre, à tout le moins indélicat envers les administrés.
On n’ira pas rapprocher évidemment cette situation de ces heures tragiques de l’Histoire où, du pharaon Akhénaton jusqu’aux fanatiques en Syrie, récemment, des gouvernants ont jugé utile, voire nécessaire, de brûler des livres pour faire table rase du passé.
Néanmoins, effacer purement et simplement d’un site internet qui appartient à une collectivité humaine des pièces de son histoire interpelle. Le site internet est celui de la commune, c'est-à-dire de tous, et non celui de la mandature en cours. Alors pourquoi ?
La nouvelle administration se sent-elle “propriétaire des murs” au point de n’avoir aucun frein à faire le ménage dans les documents laissés sur place ? Ou tout bêtement n'y a-t-elle même pas réfléchi plus que ça ? Ou, pire, n’en assure-t-elle pas le contrôle ? Je ne sais pas quelle est la plus inquiétante de ces trois hypothèses….
Il faut reconnaitre que, même s’il n’y a probablement pas formellement d’entorse à la réglementation, l’attitude peut néanmoins paraitre inadaptée au plan civique. Aussi, comme il convient d'accorder à chacun le droit de se tromper, serait-il bienvenu que cette nouvelle administration fasse amende honorable et remette cet historique sur la page délibérations du site internet de la collectivité, fût-ce tout simplement en classant les documents sous des rubriques par année civile, comme cela se fait couramment ailleurs, voire dans une rubrique “archives”.
Dans le même esprit, pourquoi retirer un communiqué officiel du maire actuel, quelques jours à peine après l'avoir publié début décembre (cf. ma tribune comme une lettre à la poste du 12 février) ? Même si rapidement cette équipe municipale eût pu considérer ce texte plutôt mal ficelé, il aurait mieux valu le compléter, l'expliquer ou le remplacer avec une mention du type "annule et remplace". Mais quelle idée que d'avoir voulu effacer le passé ! (ndlr. même si le 17 février ce communiqué a été remis sur le site, en fait plutôt maladroitement parce que, alors, anachronique en partie). Espérons que cela ne devienne pas une sale manie...
Par ailleurs, en rédigeant les comptes-rendus des séances du conseil municipal il faut être conscient que c'est, d'une certaine façon, l'histoire de notre collectivité qui y est consignée petit à petit. À ce titre, je regrette de ne pas lire sur le compte-rendu officiel du dernier conseil municipal, tenu de facto à huis clos (cf. ma tribune une zone de non-droit au village ?), un propos tout particulièrement intéressant à cet égard qui y aurait été exprimé. Ainsi, concernant le dossier du Sivom (cf. ma tribune la démocratie et l'organisation de la diversité), une conseillère aurait-elle pointé, en la regrettant de nouveau, l'attitude négative des représentants de la commune ayant refusé la vice-présidence qui lui était réservée au sein de cet organisme, "ce qui aurait permis d'intégrer le bureau du Sivom pour avoir de meilleures possibilités d'information et de discussion."
Élus en responsabilité, concentrez-vous plutôt à faire vivre ce média qu’est le site internet de la municipalité au lieu de consacrer de l'énergie à nettoyer le rétroviseur. Appliquez-vous donc à rendre ce site encore plus utile chaque jour, à le renseigner très régulièrement pour informer les Arthéziens au fil de l’eau, en particulier sur l’état d’avancement de chacun des projets que vous avez promus pour être élus (cf. ma tribune "Ce siècle a déjà vingt ans..."). L'information est un droit, ne la galvaudez pas !
Au plan plus général, il est vrai que tronquer, effacer, arranger l'Histoire, voire jouer avec les mots, peut accommoder les auteurs, voire faire partie de leurs petits plaisirs de la vie... Comme disait Winston Churchill, "l'Histoire me sera indulgente, car j'ai l'intention de l'écrire."
Jean-Michel Cabanes