Et voilà quatre mois que notre nouvelle équipe municipale s’est mise en place. Un peu plus des fameux “Cent premiers jours”, période trop courte pour porter un jugement sur sa capacité de gestion, mais quand même assez longue pour se faire une idée de son style.
Connaissant les personnes, on peut d’abord être tranquille quant à la gestion du quotidien, notamment de l’entretien du village, ce qui est réconfortant. En matière de développement, aucune raison pour que cette nouvelle équipe ne parvienne pas à concrétiser les projets annoncés ; je lui souhaite de nouveau tout le succès possible, dans notre intérêt à tous, quand bien même on ne peut jamais écarter de craindre le pire. Le village continuera ainsi à s’équiper bon an mal an sur la lancée des mandatures précédentes, et il nous faut s’en réjouir.
Pour autant, je reste interrogatif sur la volonté de cette nouvelle équipe à vouloir vraiment faire évoluer les pratiques, à tirer tout le bénéfice des nouvelles technologies d’information pour renforcer le sentiment d’appartenance des habitants au sein de la collectivité, leur implication dans le développement de la commune.
Je ne note en effet aucun changement profond avec les usages de trente ans en arrière, fin du XX siècle. Quand bien même, par exemple, le bulletin municipal d’information est toujours utile (même s’il se concentre sur les événements du trimestre écoulé davantage que sur ceux à venir), ce type de support ne répond pas aux nouvelles expectatives. Satisfaire ses concitoyens ne se limite plus seulement à leur annoncer, trois à quatre fois en cours d’année, la réalisation des projets quand on est en responsabilité. En effet, de façon générale, les progrès fantastiques et continus des moyens de communication aidant, les attentes individuelles vont clairement vers un niveau plus fin et fréquent d’information tout comme de capacité d’interaction. De plus, à l’heure où la nation toute entière célèbre la nécessité d’une solide information civique et morale, quoi de plus naturel que de s'efforcer d’associer ses concitoyens à la vie de la cité, leur témoignant ainsi une juste considération.
Quelques initiatives individuelles peuvent déjà rapporter au quotidien les événements de la collectivité à travers des outils numériques tels que blog ou page facebook. Leur succès est indéniable, ce qui conforte la pertinence de tels media ajoutée à la remarquable performance de leurs administrateurs.
Toutefois, aucun de ces media ne peut légitimement éclairer, ou assurer le dialogue entre la municipalité et ses administrés, sur le niveau d’avancement et les orientations envisagées à ce stade des grands dossiers locaux comme le sont notamment, dans le cas de mon village :
- devenir de la maison de retraite
- restauration scolaire et circuits courts d’agriculture raisonnée
- pas de porte pour producteurs agricoles locaux, épicerie solidaire
- espace de coworking
- maison France services.
Personnellement, je n’en sais rien depuis quatre mois. Or, il suffirait de créer, par exemple, une rubrique spécifique sur le portail numérique institutionnel de la commune, renseignant en quelques lignes sur les actions en cours ou programmées sur chacun de ces sujets d’intérêt collectif. Une solution informative banale et à coût nul. Mais une occasion appréciable d’introduire encore plus de transparence et d’intérêt dans la gestion des affaires communales. Qui s’en plaindrait ? Tout comme d’ailleurs de télétransmettre par streaming les sessions du conseil municipal. Qui s’en plaindrait ? Encore une solution informative banale aujourd’hui et ne nécessitant pas de moyens particuliers.
Je ne reviendrai pas ici davantage sur mes autres suggestions en la matière déjà précisées dans ma tribune de début juillet "c'est pas le moment de la grasse mat' ". Les idées ne manquent pas pour faire progresser nos pratiques de la démocratie à l'échelle d’un village ; elles ne nécessitent pourtant aucun moyen financier significatif, seulement de la volonté et de la détermination. On peut continuer à en réfuter délibérément l’intérêt, mais un jour pourrait venir où on s’étonnera de ne pas les avoir vues mises en œuvre beaucoup plus tôt.
La modernité n’est certes pas une fin en soi, mais on ne peut en ignorer les bienfaits immédiats, en pleine conscience. Ceci dit, quand le premier magistrat municipal reçoit des courriels en bonne et dûe forme via le portail numérique de la commune, et via l’adresse institutionnelle, et qu’il en est à choisir les courriels auxquels il ne va pas répondre...
En conclusion, entendons-nous bien. Il ne s'agit pas ici, en aucune manière, de manifester de la suspicion à propos de la gestion des affaires communales, ni de l’empressement à voir se matérialiser les programmes des campagnes électorales. Il s’agit tout simplement de prendre enfin le train de la modernité, de profiter avec enthousiasme et motivation des opportunités supplémentaires de communication qu’elle offre, pour contribuer à une citoyenneté accrue et un respect affermi en nos institutions.
… “Ce siècle a déjà vingt ans, …” !
Jean-Michel Cabanes