Le projet Fenics lancé au printemps dernier dans mon village, Arthez de Béarn (cf. ma tribune fenics et ça repart !), suit son chemin sous l’égide du conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques. Il vise à la production d'un plan d'actions concrètes pour gagner en visibilité et en faisabilité sur les questions de développement et de vitalité du village… pour faire court, on dira pour aider à revitaliser le centre-bourg.
L’actualité de ces dernières semaines au village m’a paru intéressante pour aiguiser ma réflexion à cet égard. Notamment un point d’étape du projet qui s’est tenu en juillet (cf. présentation par l’organisation au bas de ma tribune, ainsi que l’article pour une nouvelle dynamique du centre-bourg paru sur le blog arthezmonvillage.fr qui fait référence au plan local). Mais aussi l’affaire foncière “poumon vert” traitée par le conseil municipal lors de sa séance du 28 juillet (cf. compte rendu au bas de ma tribune).
“on a perdu les clés qui donnent du sens au village”
Un constat émis au sein d’un des groupes de travail que je partage totalement. Il est vrai que, dans le fond, évoquer désormais le “charme” du village relève de ces figures de style qu’on est amené parfois à soutenir avec beaucoup de déférence. En effet, le centre-bourg de mon village n’a plus vraiment de charme, et on peut avoir du mal à le proclamer aussi crûment… “une impression d’être nulle part”. Ou du moins il n’a plus le charme du temps de mon enfance que je garde en mémoire, peut-être en le magnifiant. Mon village est devenu un village-rue dans lequel on a privilégié l’usage de la voiture (cf. ma tribune mon village “drive-in”). Et ça continue… preuve en est le récent aménagement en parking d’un espace public significatif rendu vacant face au collège… et un parking de plus !
Alors oui, il faut redonner du sens à “ce village béarnais qui a oublié de l’être”. Oui, il faut redonner envie aux piétons de déambuler dans le centre du village. Oui, il faut valoriser notre précieux patrimoine local [chapelles, fontaines, chemins, panoramas] (cf. ma tribune ces petits chemins...).
Il me paraîtrait de même opportun de pouvoir retracer notre histoire locale, en particulier comme élément structurant du charme de notre cité. Si certaines périodes de l’Histoire semblent bien renseignées, j’ai cependant personnellement de grands blancs dans le fil du temps de notre communauté (cf. ma tribune par nous Ingénieur du Roy en chef). En tant que de besoin, on pourrait juger ainsi utile d’initier localement une sorte de “club d'Histoire” sous les bons auspices du projet Fenics.
insuffisance de l’espace public dédié aux piétons
Je me plais à croire que ce constat serait dorénavant largement partagé. Par contre, pour ce que j’en comprends, les solutions proposées me semblent, dans le meilleur des cas, des demi-mesures.
Ainsi en va-t-il de la circulation en sens unique dans l’hypercentre. Souhaite-t-on finalement faciliter le transit des voitures ou faciliter la vie des piétons ?
Car à l’évidence, instaurer un sens unique évitera aux voitures de se croiser. Les conducteurs pourront donc rouler plus librement, et, pour ceux qui se moquent déjà des règles de savoir-vivre en communauté, ils auront encore moins d’entraves pour ne pas respecter des niveaux de vitesse réduite (nb. d’ores et déjà limitée à 30 km/h dans l’hypercentre)… car les croisements de voitures avaient au moins comme vertu de les faire ralentir ! Au demeurant, une telle mesure n'aura pas d’impact significatif sur les flux globaux de transit qui devraient rester de même importance, sauf que cette fois-ci ils se cumuleront dans un seul sens. Accessoirement, si une telle mesure devait malheureusement être mise en œuvre, une simple analyse des risques de circulation me semblerait inviter à choisir le sens de rotation des aiguilles d’une montre, qui éviterait deux croisements avec arrêt, sources d’accidents.
Je ne vois donc aucun effet bénéfique pour les piétons, bien au contraire !
Je reste pour ma part largement partisan d’une zone exclusivement réservée aux piétons dans des conditions à convenir, notamment de plages horaires, entre la maison de retraite du Temple et la place du Palais. Une zone à aménager avec le mobilier urbain adéquat pour y rendre encore plus commodes et attrayantes les promenades, des plus jeunes jusqu’aux aînés.
Quant à la limitation de vitesse, je reste aussi convaincu qu’il est temps de la généraliser sur l’ensemble du village, et surtout d’en assurer un contrôle-sanction efficace… car en réalité, en sus de l’hypercentre, les secteurs sous cette limitation de 30 km/h sont déjà nombreux mais de façon discontinue (dos d’âne, rétrécissement de chaussée), et surtout assez rarement tous respectés (cf. ma tribune chi va piano va sano). Il est temps de ne plus transiger avec la sécurité des piétons.
“des terrains situés en centre-bourg qui constituent l’unique poumon vert du quartier Bergoué”
Une formule relevée sur le récent compte rendu du conseil municipal qui me paraît d’une grandiloquence inouïe. Évoquer un “poumon vert” au sein d’un quartier de barres d’habitations d’une ville de banlieue comme Sarcelles ou Vénissieux, pour parler d’un parc, je veux bien. Mais là, pour un quartier d’un village de campagne plongé dans une nature verdoyante de champs et de forêts comme l’est notre campagne béarnaise, ça ne fait pas sens !
Par ailleurs, sur le fond et pour le peu d’éléments d’information fournis, cette affaire foncière m’interpelle. Voilà un terrain d’environ six hectares pour lequel un particulier s’était porté acquéreur et “s’était engagé à replanter des arbres, en travaillant avec des associations et valoriser le site” : que veut-on de plus pour “l’unique poumon vert du quartier” ?
Ou veut-on raccrocher à tout prix cet espace au projet Fenics, comme le propose la municipalité, pour la beauté de l'exercice ? Je pense qu’il y a déjà pas mal à faire sur ce projet sans vouloir en rajouter, alors même qu’un particulier apporte une solution conforme à l’objectif commun. Au demeurant une solution a priori à un terme proche, alors que l’échéance annoncée par la municipalité relève des calendes grecques…
Il m’aurait paru bien plus pertinent pour la municipalité d’imaginer un accompagnement du particulier dans son plan. C’est bien là d’ailleurs une clé de succès pour Fenics que de prendre en compte, voire de favoriser, les initiatives des particuliers dès lors qu’elles s’inscrivent dans le schéma directeur Fenics. Il en va ici d’un espace vert à maintenir, il en ira demain par exemple des façades à rafraîchir le long de la Carrère ou de la situation préoccupante des habitations inoccupées (cf. ma tribune logements en vacance au village).
Pour conclure, je comprends les divers appels à une participation renforcée des Arthéziens aux ateliers du projet. Cette situation m’inspire toutefois deux réflexions.
Tout d’abord, il est indéniable que la participation “en présentiel" (pour reprendre des termes devenus familiers dans notre nouveau monde) est largement préférable. Mais, et c’était mon cas personnel, de fortes contraintes personnelles peuvent empêcher de se rendre à ces ateliers. C’est pourquoi d’ailleurs j’avais de suite sollicité, hélas sans succès, l’organisation pour y participer à distance. C’est bien dommage, d’autant que l’évolution des techniques, des modes de travail, voire tout simplement l’évolution de nos modes de vie, s’en accommodent aisément, et qu’il faut apprendre à faire avec… (cf. ma tribune ce siècle a déjà vingt ans).
Et puis, un deuxième questionnement. Ne serait-ce pas qu’il faille aussi s’interroger sur la revitalisation de notre communauté humaine, en même temps qu’on s’intéresse à la revitalisation du centre-bourg ? Ne serait-ce pas qu’il faille donner envie aux villageois de se passionner pour la vie de la cité ? C’est là une des responsabilités des élus en charge des affaires, qui doivent, par leur charisme et leur crédibilité, susciter un tel enthousiasme. Être exemplaires. Savoir écouter et comprendre. Savoir communiquer et informer proprement (cf. ma tribune une zone de non-droit au village). Savoir décider et agir à propos. Savoir témoigner de la considération pour les administrés, etc. Alors quand, par exemple, le premier magistrat traite avec le plus grand des mépris, en l'occurrence en n’y répondant pas malgré une relance par mail, un courrier courtois que je lui ai adressé à l’été 2020 via le site internet de la mairie, suggérant d’initier un recueil sur l'origine des odonymes (noms des espaces publics) de notre cité, le ton est donné...
Jean-Michel Cabanes