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50. logements en vacance au village

J’ai bien pu constater au cours de mes promenades à travers mon village, Arthez de Béarn, que nombre de logements avaient les volets clos manifestement de façon pérenne. Je m’en étonnais un peu, mais les statistiques en la matière sont en réalité préoccupantes quand on procède à des comparaisons. Pourquoi ? Que faire ? Mais surtout : faut-il agir ? veut-on agir ? préfère-t-on continuer à feindre d'ignorer cette situation et la laisser empirer ?



 

une situation alarmante

Selon les récentes chroniques statistiques Insee, la part de logements vacants en 2017 sur mon village atteint 11,7% du parc, bien supérieur au taux moyen dans son département des Pyrénées Atlantiques (8,2%), tout comme au niveau France entière (8,2%). Et le regard sur l'évolution de cette situation sur les cinquante dernières années n’est guère plus rassurant. En effet, selon ces mêmes chroniques Insee, la part des logements vacants au village en 1968 était de 6,3%, inférieure alors au taux moyen dans le département (7,3%) ainsi que France entière (6,6%).

En un demi-siècle, le taux de logements vacants au village aura donc quasiment doublé, passant au demeurant d’un stade “ordinaire” à "alarmant", dans la mesure où un taux est qualifié de “raisonnable” lorsqu’il se situe autour de 6% à 7%.

 

l’origine du problème 

Au-delà des affaires de gestion immobilière courante (biens en cours de vente ou de location), la vacance est souvent ici liée à l'abandon de vieilles maisons, suite au décès ou au départ en maison de retraite de leurs derniers occupants. Elle peut être aussi générée par des problèmes de succession (règlement en cours, situation d'indivision) ou par simple convenance des propriétaires. De façon générale, en milieu rural, la vacance est souvent la conséquence de la trop grande dégradation d'un logement ancien, les nouveaux ménages préférant s'installer dans des constructions neuves peu énergivores et répondant au standard actuel du confort. 

 

en quoi est-ce un problème ? 

En réalité, à la différence des milieux urbains à forte concentration, la situation ici ne génère pas de pénurie d’espaces habitables.

L’inoccupation croissante de vieux bâtis nuit en premier lieu à l’image du village, a fortiori quand ils se situent en centre-bourg. Elle s’oppose frontalement aux prétentions de dynamisme et sauvegarde du patrimoine que souhaite en général promouvoir à juste titre toute municipalité, et tempère ainsi l’attractivité souvent revendiquée, tout comme la crédibilité des responsables de la commune.

Mais, tout aussi grave à mes yeux, est l’impact environnemental de cette situation dû aux matériaux de construction qui n’ont pas d’autres issues a priori que de finir en gravats. Or certains matériaux peuvent constituer une vraie dangerosité, comme par exemple des composés amiantés et justifient des dispositions spécifiques.

Au demeurant, il faudrait aussi s’intéresser à certains vieux logements encore habités dans des conditions peu enviables pour en améliorer les conditions d’occupation, sans attendre qu’ils finissent en logements vacants parce que vétustes...

Alors, oui, la vacance des logements dans un village rural comme le nôtre est un vrai problème d’ordre social, environnemental, de sauvegarde du patrimoine et d’attractivité.

 

que faire ?

S’agissant d’une problématique largement partagée sur l’ensemble du territoire national, tant en milieu urbain que rural et dans des contextes différents, différents organismes d’État, ou en émanant, proposent des guides d’actions, des soutiens divers adaptés à chacune des réalités de terrain. Il ne s’agit pas de “réinventer la lune” mais de s’inspirer de solutions déjà mises en œuvre ailleurs. 

Pour autant le vecteur d’action demeure la détermination des élus de la collectivité concernée qui doivent clairement se saisir du problème. Clairement et avec d’autant plus de pugnacité que la situation locale est pesante. Or avec 11,7% de logements vacants dans mon village, avec un doublement du taux en à peine un demi-siècle, nous y sommes ! 

 

Je n’ai pas idée personnellement d’une éventuelle politique structurelle de ma commune en la matière, et je ne demande qu’à être éclairé sur les actions en cours. Mais si, au-delà de quelques dispositifs de base bien connus, un tel programme n’est pas encore engagé avec force et ambition à l'échelle de l'ensemble du village, on est en droit de revenir à la question de départ de cette tribune :

veut-on agir ou préfère-t-on continuer à feindre d'ignorer cette situation et la laisser empirer ?


 

Jean-Michel Cabanes

 

Tag(s) : #aménagement urbain, #gestion, #patrimoine, #sécurité, #environnement
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