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68. Mmes et MM. les petits censeurs du quotidien ...

C’est une date bien particulière que le “3 mai” au regard de la liberté d’expression. 

L’ONU l’a en effet proclamée journée mondiale de la liberté de la presse dès 1994. En matière artistique, l’immense peintre espagnol Francisco Goya, avec son chef d'œuvre “Tres de mayo” (ndlr. illustration ci-dessus), a commémoré un dramatique épisode de l’insurrection du peuple madrilène qui la veille, le 2 mai 1808, s’était soulevé contre les troupes napoléoniennes d’occupation. En 1936, le Front Populaire gagnait les élections législatives en France, déchaînant ainsi un souffle puissant d’aspiration au progrès et à la liberté. 

Ce jour m’est ainsi apparu propice pour me pencher sur les obstacles potentiels que des lecteurs pourraient poser pour perturber la libre expression de blogueurs qui honorent le code de bonne conduite qu'ils n'hésitent pas à afficher.

 

Tout d’abord, l’injure, qui semble bien la plus élémentaire des méthodes pour tenter d’intimider et discréditer un auteur, que ce soit sur la place publique ou en privé, par exemple par message direct ce qui témoigne en l’occurrence d’un moindre courage…

Même si, dans de telles situations, le droit peut alors être légitimement invoqué pour traiter une injure, il est bien souvent préférable de ne pas s’y attarder davantage, et considérer, à l’instar de Fénelon, que “les injures sont les raisons de ceux qui ont tort”

 

À l‘autre extrémité, la plus radicale, de l’échelle des méthodes disponibles pour les visiteurs de blogs : activer la censure de l’article sur le blog. Et que l’on ne s’y trompe pas, il est beaucoup plus simple qu’on ne le croit de faire disparaître un article d’un blog et des réseaux sociaux ! En effet, quelle que soit la robustesse de ses griefs, il suffit dans un premier temps au lecteur d’activer la procédure “signaler un abus” disponible sur le blog, qui conduit, conformément à la réglementation, la plateforme qui héberge le blog à inviter automatiquement l’auteur à modifier son article.

Et comme contester le mécanisme ainsi enclenché par l’hébergeur du blog, tout comme par les réseaux sociaux qui relaient l’article concerné, est généralement consommateur de moyens et de temps, il est préférable de retirer de suite l’article, c’est-à-dire de s’autocensurer… quand bien même les fondements des griefs ne résistent en aucune façon à une analyse juridique un tant soit peu sérieuse.

 

Mesdames et Messieurs les petits censeurs du quotidien, vous avez donc de beaux jours devant vous. Mais, prenez garde quand même, ce n'est pas sans risque. En effet, vous n’êtes pas non plus à votre tour à l’abri d’accusations, formelles et sur la place publique, de diffamation de la part des auteurs de blog que vous aurez pointés et tenté de dénigrer, tout comme, le cas échéant, d'entrave à la liberté d'expression, voire de harcèlement. 

 


 

Jean-Michel Cabanes

 

Tag(s) : #Histoire, #citoyenneté, #civisme, #culture de village, #liberté d'expression, #éthique
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