“communautarisme”, “séparatisme”, “globalisation”, etc. une lecture personnelle de ces concepts à l’échelle d’un village ordinaire. Imbibons-nous des expériences de vie et regards différents sur le monde qui peuvent caractériser les nouveaux-venus au village. Progressons collectivement en les impliquant davantage.
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La France se distingue comme pays par son grand nombre de communes, un peu moins de 36.000, soit quasiment à elle-seule autant que les autres pays de l’Union Européenne. Cette situation résulterait en partie du mode d’occupation du territoire au Moyen-Âge. La distance entre villages correspond de fait, bien souvent, à une journée de marche de l’époque. Le sentiment d’appartenance au village s’est ainsi progressivement ancré dans la culture locale, jusqu’à atteindre même certains paroxysmes. Des anciens témoignent encore des fois “ne pas être du pays” parce que nés à une trentaine de kilomètres du village où ils avaient néanmoins vécu toute leur vie et fondé famille …
Le développement des moyens de transport depuis les années ‘50, puis des moyens de communication, notamment du numérique, ont changé la donne. De cette sorte de communautarisme que représentaient dans le fond ces batailles de clochers, le monde rural s’est vu confronté en quelques décennies à la globalisation, pour employer des mots très en vogue ces temps-ci. Et d’une certaine façon, dans grand nombre de villages dont le mien, Arthez de Béarn, l’exode rural du milieu du XX siècle a laissé la place aujourd'hui à un repeuplement. Il est vrai que la modernité a apporté tout confort, structures socio-culturelles et loisirs dans les villages-mêmes ou à distance raisonnable en voiture.
Le village n’est donc plus une affaire de “gens du pays”, mais un point de rencontre et de partage de tranches de vie entre gens de divers horizons. Le paradigme est inversé. Alors que pendant des siècles, l’étranger était vu du coin de l’œil, aujourd’hui il faudrait le voir les yeux grand ouverts. Je ne parle pas ici nécessairement de “cœur grand ouvert” pour ne pas verser dans l’angélisme, mais d’ouverture d’esprit. Comme il est bénéfique pour la santé de renouveler l'air dans les espaces clos, il est bénéfique de savoir saisir les opportunités de découvrir d’autres modes de pensée et de regards sur le monde, en particulier quand on vit dans un village. On en sort davantage en harmonie avec la réalité qui nous entoure, et plus fort face aux évolutions incontournables de la société.
Aller de l’avant plutôt que se crisper sur le frein à main. S’imbiber des expériences de vie et des modes de pensée des nouveaux-venus au village, une recette simple pour lutter contre le séparatisme subi, pour continuer sur les termes en vogue. Ainsi nous faudrait-il probablement nous montrer plus avenants, pro-actifs et aller à leur rencontre. Sans même évoquer nos compatriotes qui ont choisi de venir vivre dans le village, je suis particulièrement sensible ici aux ressortissants d’une autre nationalité que nous devrions peut-être inviter avec davantage d'enthousiasme à s'exprimer sur la gestion et les orientations du village.
Il me revient à l'esprit une rencontre que le hasard parfois sait organiser. Quelque été en arrière, je garai ma voiture à l'embranchement de la route du Cagnès pour ensuite marcher vers la chapelle de Caubin. Pour m’assurer de ne pas gêner, j’engageai la conversation avec une jeune femme de la maison riveraine qui jouait avec son enfant dans le jardin. Je découvris à cette occasion qu’elle était d’origine péruvienne. Ce qui m’amusa et me fit sourire, ayant moi-même des liens très forts avec un autre pays du bout du monde voisin du Pérou. Derrière cette personnalité si tranquille et discrète, il y avait probablement une belle expérience de vie à connaître et à valoriser dans notre village. Je ne l’ai plus revue depuis. Je crois que la famille habite désormais rue du Bergoué près du garagiste. Si vous la connaissez ou la croisez, profitez donc ce mardi 28 juillet pour lui souhaiter une bonne fête nationale péruvienne ! Je pense que ça pourrait lui faire plaisir de témoigner ainsi de l'intérêt à son égard.
Personnellement ça me fait penser à son grand et magnifique pays que j’ai parcouru à diverses reprises, et à ses gens accueillants. Même si mon plus lointain souvenir remonte à un 28 juillet 1982 alors que je faisais le tour du lac Titicaca et que je voulais traverser la frontière pour me rendre en Bolivie. Le douanier péruvien avait décidé, de sa seule initiative et pour motif de fête nationale, que son poste frontière resterait fermé … sauf moyennant finances. Peu enclin à céder à ce genre d’abus de position, je parlamentai longuement avec lui jusqu’à ce qu’il vît mon passeport de type diplomatique, et me présentât ses plus plates excuses en m’ouvrant la barrière frontalière. Un sympathique souvenir de voyage... d’autres pratiques... et un attachement redoublé à notre cadre organisationnel.
En cette occasion particulière, et plutôt que d'écouter leur hymne national ou le sempiternel “el condor pasa”, je vous invite à écouter LE grand standard populaire péruvien ci-après, qui évoque avec nostalgie une belle des temps anciens à Lima, leur capitale, sur un rythme de vals peruano.
Jean-Michel Cabanes
DEJAME QUE TE CUENTE LIMEÑA ARS
La Flor de la Canela , hermosa melodia cuya autora es la gran Chabuca Granda que en esta oportunidad interpreta su propia composicion. Esta cancion escopgida...