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29. "urgence climatique" ? ... au village ???

Que n’entend-on pas parler d’urgence climatique ! Les nouvelles les plus préoccupantes finissent pourtant par devenir ordinaires. Tenez, ces jours-ci on apprend que, selon l’Organisation météorologique mondiale, 2020 serait dans le trio de tête des années les plus chaudes jamais enregistrées sur le globe, derrière 2016 et devant 2019 (les premiers relevés de températures modernes datent de 1850). Malgré le confinement quasi planétaire, les émissions de gaz à effet de serre continuent à augmenter en 2020, la banquise polaire fond dramatiquement et de plus en plus vite, les océans n’ont jamais été aussi chauds, les inondations liées au réchauffement climatique, les canicules, les feux de forêt, des rivières asséchées pendant des mois dans nos propres campagnes et en plus grand nombre chaque année, etc.

Cette chronique d’un désastre annoncé ne me semble pas pour autant mobiliser concrètement nos sociétés à la hauteur de l’enjeu pour la planète. Peut-être parce qu’une grande majorité d’entre nous considère que les solutions relèvent d’une gouvernance de niveau États, et donc très loin de notre capacité d’action immédiate. Or, si des mesures doivent bien sûr être convenues à un échelon multilatéral international, il n’en demeure pas moins que chaque strate de nos organisations, jusqu’à l’individu même, doit se sentir acteur de la solution. Que peut-il en être par exemple d’un échelon communal, comme celui de mon village Arthez de Béarn ?

 

Les travaux de la Convention citoyenne pour le climat avec ses 149 propositions sont une source précieuse, car structurée et plutôt exhaustive, d’inspiration pour les collectivités. Et, pas besoin d’attendre quelqu’autre décision de niveau supérieur pour s’en emparer d’ores et déjà.

Ainsi en est-il de la perspective de “sensibiliser l’ensemble de la population en reliant compréhension de l’urgence climatique et passage à l’action”. Voilà qui donnerait un cadre de référence à l’ensemble des actions de progrès que les élus en responsabilité d’une commune pourraient décider. Voilà qui pourrait aider ceux-ci à rechercher, à leur échelle, et à valoriser des solutions opérantes en matière d’urgence climatique. Voilà qui, à travers les exemples de la réalité du terrain, pourrait ainsi créer parmi les villageois un sentiment d’identification à l’idée développée, à l’action présentée. Voilà qui, tout naturellement, devrait amener ces mêmes échelons communaux à réfléchir à un instrument de mesure de l’impact de leurs décisions sur l’environnement. 

Le même rapport de la Convention fourmille d’idées applicables à la maille analysée ici. À tout le moins, il peut utilement constituer un guide méthodologique à l’émergence de possibles actions, en se projetant à la réalité de notre vie communautaire. C’est en m’étant prêté à cet exercice qu’il m’est apparu intéressant, par exemple, de contribuer à la réflexion et de proposer des pistes pour notre village en matière de place de la voiture, d'éclairage public ou de nouvelles structures collectives de travail à distance (cf. mes tribunes : "mon village drive-in" , "au clair de la lune" , "des bureaux au village... le temps est venu !" ).

 

Mais ce qui me semble le plus déterminant en vue de “sensibiliser l’ensemble de la population en reliant compréhension de l’urgence climatique et passage à l’action” est assurément l’outil de mesure qu’il conviendrait de mettre en place et qui permettrait de mettre en évidence, en la quantifiant, la contribution d’un plan d’action communal à la lutte contre le dérèglement climatique. Car c’est infailliblement à l’aune des résultats que l'on  mesure les intentions, et que l’on progresse avec détermination. 

Des méthodes existent déjà qui aident à traduire des pratiques nouvelles ou des inflexions dans nos comportements en tonnes-équivalent de CO2 évitées. Un bilan annuel valoriserait ainsi de façon pertinente et transparente les progrès acquis par la collectivité. Une telle démarche serait bien de nature à mieux aborder la nécessité d’agir et mieux comprendre l’absolue nécessité du “passage à l'action”. À titre illustratif, mesurer les tonnes-équivalent de CO2 associées à l’éclairage public la nuit pendant les horaires de couvre-feu donnerait du sens à la réduction de notre impact collectif sur l'environnement si l’on s’en passait, ou au contraire à l'aggravation de notre empreinte écocide s’il était maintenu... accessoirement, le terme couvre-feu désigne le moment où les habitants devaient rentrer chez eux et éteindre les lumières.

Un tel outil de mesure est assurément un vrai vecteur de prise de conscience, de compréhension des modifications nécessaires de notre mode de vie, d’appropriation de l’enjeu. Piloté avec enthousiasme et volonté, il encouragerait les innovations, inciterait au “faire ensemble”, valoriserait le lien social et renforcerait donc la fierté d'appartenance à une collectivité au comportement citoyen.

 

 

Pour autant que nous soyons d’accord sur la dimension d’urgence, il serait désinvolte de ne pas mettre cet enjeu au centre de nos préoccupations, en particulier dans la vie communale qui est probablement le niveau collectif le plus accessible pour prendre rapidement des décisions et les faire partager. Alors, soyons cohérents et responsables. Ne feignons pas de nous y intéresser, alors que nous continuons à vivre comme d’hab… Il est encore temps de se réveiller.

 

“Urgence climatique ?... vous avez dit urgence ???”.




 

Jean-Michel Cabanes

 

29. "urgence climatique" ? ... au village ???
Tag(s) : #changement climatique, #citoyenneté, #environnement, #économie locale
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