Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

30. élus par dégagisme, déTrumpez-vous !

 

D. Trump, en 2016, puis E. Macron, en 2017, ont au moins en commun d’avoir été élus à la faveur de mouvements dégagistes, chacun dans son environnement politique spécifique. 

Leurs chemins ont ensuite divergé, on le sait bien, tant dans leur contenu que, surtout, dans leur style... quoique... 



 

Ce 14 décembre, la défaite de D. Trump sera formellement actée par le collège des grands électeurs. Les traits marquants de son attitude pendant ces quatre ans de pouvoir pourraient se résumer en : arrogance, obstination “à n'écouter” que lui-même, aplomb et déni de la réalité. On retiendra aussi son incommensurable capacité à refuser de mettre en œuvre les mesures les plus simples et évidentes comme par exemple, dans le cas de la crise sanitaire, le port du masque. En bref, une attitude mortelle pour sa candidature à sa réélection et surtout préjudiciable, voire malheureusement mortifère, pour ses concitoyens.

Ce 10 décembre marque par ailleurs une date anniversaire clé de la mandature de E. Macron. Ce jour-là en 2018, dans son allocution télévisée d’après les premiers samedis de “gilets jaunes”, E. Macron comprenait qu’il lui fallait apporter un changement radical dans sa relation avec ses concitoyens. Après avoir méprisé, au mieux ignoré, les avis et ressentis du terrain, et affiché lui aussi une vraie condescendance envers nombre de ses administrés et institutions intermédiaires, il sut afficher par contre une certaine intelligence de situation.

Depuis mi-novembre, une part croissante de la population se retrouvait le samedi sur les carrefours routiers pour exprimer son sentiment d’injustice sociale flagrante, pour faire court. J’étais alors moi-même de ce mouvement de société, tout empreint de l’esprit du manifeste de Stéphane Hessel “Indignez-vous !”. Et même si je ne croisais que très peu de visages connus, je ne me sentais pas vraiment seul à l'un des carrefours les plus proches de mon domicile, celui de l’autoroute à Artix. Ces premiers samedis auront suffi à faire comprendre au président le malaise du pays. Son allocution du 10 décembre, et l’ouverture d’esprit qui s’en dégagea, suffirent à me convaincre que le message populaire était bien passé, et donc je mis fin à mes rendez-vous revendicatifs du samedi, pour laisser place à l’action gouvernementale. La profondeur et sincérité des mesures mises en œuvre par la suite par le chef de l’État mériteraient toutefois plus qu’une tribune spécifique, mais là n’est pas l’objet de la présente tribune. Seul le comportement m’intéresse ici.

 

Que tirer de la mise en perspective de ces attitudes d’élus si particuliers ?

 

Personnellement, je reste d’abord conforté dans la nécessité de participer à la vie de la cité à travers toutes les formes possibles d'expression de ses opinions, dans le respect bien entendu des règles de la démocratie. “Se taire, c'est laisser croire qu'on ne juge et ne désire rien” (A. Camus). Se taire c’est renoncer à la recherche du progrès, du mieux-vivre, d’une harmonie accrue dans la collectivité. En démocratie, s’exprimer n’est pas un acte de courage, mais relève plutôt du devoir citoyen. De mon point de vue, se taire face à l'abîme annoncé est coupable.

 

Ensuite, actons que les types de comportement rapidement rappelés plus haut peuvent concerner tout élu. Il me semble cependant que les élus ne bénéficiant pas d’une base profondément ancrée dans l’histoire des communautés qui les ont choisis, devraient être encore plus attentifs à leur attitude, au risque d’insatisfaction populaire voire de rejet, parce que leurs positions sont peut-être plus fragiles. Aussi, pour aller de l’avant et pour le bien de tous, je ne saurais trop leur suggérer ci-après quelques bons conseils, à mes yeux. 

Élus de toutes sortes et de tout niveau qui êtes des fruits heureux du dégagisme, ne vous y trompez pas ! Comprenez bien que vous ne devez pas votre légitimité à un prétendu ordre nouveau, mais tout simplement à un heureux concours de circonstances. Écartez a fortiori de votre esprit toute idée de “chèque en blanc” pour votre mandat. Au contraire, sachez conforter votre gouvernance en vous forçant encore davantage à prendre en considération les remarques et suggestions du monde qui vous entoure et de vos administrés en particulier. Obligez-vous même à les susciter, ça ne pourra que vous grandir. Acceptez que la société a changé en ce début du XXI° siècle, et que les aspirations à une vraie participation citoyenne dans les affaires de la cité se sont considérablement accrues. 

 

… en bref, déTrumpez-vous !




 

Jean-Michel Cabanes

 

30. élus par dégagisme, déTrumpez-vous !
Tag(s) : #Histoire, #citoyenneté, #liberté d'expression, #culture de village
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :