Qu’elle est belle notre campagne quand, le printemps venu, la nature fait montre de sa palette de couleurs et de tons vert, rose, blanc, jaune à profusion. La ritournelle des "cerisier rose et pommier blanc", vieux standard de la chanson française, immanquablement tourne en boucle dans ma tête devant ce spectacle éblouissant des arbres fruitiers en fleur. Les poètes sachant si bien traduire finement les nuances de ce début de saison, je partage ici quelques vers choisis :
“Quand la feuille aux pointes des arbres
Suspend une verte vapeur ; ...” (Sully Prudhomme).
“Le jour naît couronné d’une aube fraîche et tendre ; ...” (Victor Hugo).
“Pour les petites pâquerettes,
Sournoisement lorsque tout dort,
II repasse des collerettes
Et cisèle des boutons-d’or”. (Théophile Gautier).
Le contraste avec les longs mois d’hiver, sombres et gris, accentue le sentiment de retour de la couleur, de la lumière, de la vie. Déjà dans l’Antiquité, l’arrivée du printemps était célébrée, avec l’image d’un dieu ou une déesse de retour après une longue période de sommeil.
Il est d’ailleurs assez particulier de noter que la commémoration de la résurrection du Christ, le dimanche de Pâques, est fixée au premier dimanche qui suit la première pleine lune de printemps (ndlr. ce qui explique en l'occurrence que la date calendaire du dimanche de Pâques fluctue chaque année, tout comme l'Ascension et Pentecôte, respectivement 40 et 50 jours plus tard). Quelle meilleure date pour célébrer le retour à la vie ! La symbolique de la lumière est aussi tout à fait présente dans cette fête religieuse à travers le cierge pascal qui célèbre le Christ sorti des ténèbres.
Il est encore plus singulier de constater comment les traditions populaires sont parvenues à amalgamer les deux dimensions, religieuse et païenne, de cette fête de printemps, fête du retour de la vie. Selon les pays, cloches, lapins, et poules sont en effet réputés déposer des œufs dans les jardins le jour de Pâques. Or, le lapin (ou le lièvre) est considéré depuis l’Antiquité comme un symbole de fécondité. Et que dire de l'œuf symbole de fertilité, et donc la poule ! La coutume d’offrir des œufs décorés au printemps remonterait même aux Égyptiens et Perses pour symboliser le renouveau de la vie. Bien plus tard, les druides gaulois teignaient à leur tour les œufs en rouge en l’honneur du soleil.
Pâques, une belle fête de printemps, qui fait donc le bonheur des petits et des grands, quelles que soient les convictions religieuses de chacun.
Joyeuses Pâques !
Jean-Michel Cabanes