Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

45. fuites en avant

 

L’actualité récente dans mon village, Arthez de Béarn, invite à se recueillir sur l’importance de nos infrastructures d’alimentation en eau. Et par là-même, à s’en préoccuper sérieusement dans le contexte de dérèglement climatique et stress hydrique qui pèse sur notre futur proche, en particulier dans le sud-ouest de la France, tout comme dans le nord-est et le centre du pays, selon une étude récente.

 

Tout d’abord, et il faut s’en féliciter, le service d’entretien de la commune a libéré la fontaine de Caubin, près de la chapelle éponyme, de la végétation et des terres qui l’avaient progressivement envahie au cours des dernières décennies. Un beau travail qui conforte ce patrimoine local qui mérite d’ailleurs, à mon avis, d´être encore davantage valorisé. 

Il est toutefois intéressant de noter, à cette occasion, que les nombreuses fontaines qui jalonnent encore aujourd’hui notre commune ne voient plus beaucoup d’eau circuler dans leurs bassins, et quand l’eau y passe encore, elle n’est plus vraiment potable. Triste constat qui devrait sans cesse nous rappeler la fragilité de la ressource ; mais aussi pointer la nécessité d’une grande vigilance quant à la protection et l’entretien des sites hydrologiques et des infrastructures associées.

 

Alors, quand bien même au cours du temps les techniciens ont su apporter des solutions de plus en plus performantes pour satisfaire les besoins croissants en eau de la population, en particulier à travers des réseaux à grande échelle pour couvrir toute taille de communauté, ces réseaux posent aujourd'hui question. Je ne parle même pas des coupures d'alimentation imprévues, comme celle qui nous a surpris le mois dernier pendant une longue après-midi, nous remémorant ainsi celles des années ‘60 et ‘70, alors bien plus fréquentes cependant. Coupure récente dont j‘ignore à vrai dire la cause, probablement pour n’avoir pas su trouver le média où le gestionnaire du réseau a dû, j'imagine, s’expliquer en même temps que présenter ses excuses à la population pour la gêne occasionnée…

Non, ce qui me paraît bien plus préoccupant est le taux de fuite des réseaux d’alimentation en eau. Au niveau national ce taux est de 20%, ce qui semble néanmoins une belle performance quand on se compare aux pays voisins (38% en Italie, par exemple). Au niveau de notre collectivité (Syndicat eau et assainissement des 3 cantons) ce taux de fuite atteint 33%, conforme au niveau moyen des collectivités rurales, à savoir qu’un litre sur trois d’eau traitée et mise en distribution dans notre réseau collectif est perdu. Quant aux réseaux d’assainissement, on peut imaginer que les taux de fuite soient malheureusement d’un niveau au moins similaire. Pour y remédier des programmes de travaux de renouvellement des réseaux sont bien prévus, mais à un rythme conduisant à étaler les investissements sur des décennies voire au-delà du siècle. Tous ces éléments sont notoires et depuis longtemps... on finirait par s'y habituer. La résignation générale apparente ne me paraît cependant plus de mise par les temps qui courent. La situation me paraît au contraire nécessiter une information et une prise de conscience renforcées auprès de la population.

 

Quels sont les enjeux ? Pour le consommateur de notre collectivité, il paie de fait son eau 50% plus chère que par rapport au cas idéal sans fuite sur les réseaux. Alors il est vrai que pour atteindre le “cas idéal” il faut investir lourdement. Mais c’est bien là un choix de priorités à décider tant au niveau national que local. Or avec le réchauffement climatique, les épisodes de sécheresse et de canicule, l’enjeu de la gestion de l’eau devient primordial. Sans compter qu’il est effrayant  d’imaginer les quantités d’eaux usées qui se perdent dans la nature du fait des fuites sur les réseaux d'assainissement ! 

Monde d’après ou pas, de tels gaspillages d’une ressource si essentielle que l'eau, et de telles agressions à la nature ne sont plus tolérables. Il convient probablement de devoir expliquer avec encore plus de pédagogie, à la fois au plan national mais aussi local, cette situation auprès des administrés, des clients, et des électeurs pour les toutes prochaines échéances, de sorte à convaincre de l’urgence à accélérer les investissements de rénovation de ces réseaux. Dans ce cadre, il sera pertinent de souligner, de plus, que de tels programmes de travaux participeraient significativement à la relance de l’économie et à la création d’emplois, en particulier au plan local.


L’eau, encore plus que jamais, un vrai enjeu de société.

Courage, ne fuyons pas !


 

Jean-Michel Cabanes

 

 

Tag(s) : #aménagement urbain, #changement climatique, #environnement, #patrimoine
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :