72. municipale 2026 : pour une équipe inspirante au village

Nous voilà à un an des prochaines élections municipales. Nous voterons pour élire des conseillers municipaux qui, à leur tour, éliront le maire. Alors que les attributions du conseil municipal et celles du maire sont définies par les textes réglementaires, c’est en fait le profil de cette équipe municipale et de chacun de ses membres, en particulier le maire, qui déterminera la dynamique et la pertinence de la gestion des affaires communales dans un village comme le mien, Arthez de Béarn.

Soyons bien conscients que les projets structurants au niveau de notre collectivité sont de toute façon bien connus, et que la méthode pour gérer la commune est bien plus importante que la “couleur politique de la liste” ou les petites promesses électorales sans envergure (... et sans lendemain) qui viennent décorer les professions de foi (lire le diagnostic que j’avais posé dans mon article pour la même élection en 2020, en cliquant sur le lien : on continue com’ d’hab ?). 

À l’heure où les vocations et regroupements de candidats s’amorcent pour cette échéance de mars 2026, il me paraît donc utile de réfléchir aux attributs de la future équipe que l’on peut souhaiter dans l’intérêt de la vie de notre commune. Trois grandes dimensions me semblent à considérer.

travail en équipe, ouverture d’esprit

Cette disposition d’esprit est fondamentale, bien sûr individuellement, mais doit aussi se traduire dans l’organisation des responsabilités.

Au-delà de la répartition des tâches entre les adjoints qui relève du “statutaire”, il me semble opportun pour renforcer la dynamique de gouvernance, que la participation aux diverses instances impliquant la commune soit répartie au sein du conseil, et ne soit plus prioritairement réservée au maire. Ainsi devrait-il en être en particulier de la représentation au Sivom ou à la Communauté de communes (CCLO). 

En l'occurrence, concernant le Sivom, et dans cet esprit de large partage des responsabilités, on peut se réjouir du pilotage actuel de cet organisme par un représentant d’une commune qui n'est pas la plus importante en nombre d’habitants ; un pilotage efficace, car compréhensif et bienveillant. Par ailleurs, l’implication de conseillers municipaux de tous bords pour représenter notre village au Sivom, pratique instaurée par un ancien maire, relève du bon sens de base et doit être appliquée sans la moindre hésitation.

Quant aux deux délégués de la commune à la CCLO, rien n’oblige à désigner le maire, sachant que celui-ci de toute façon, en sa qualité de maire, participe à la conférence des maires de la CCLO. Dans la mesure où une partie substantielle des services et donc du budget est dans le fond décidée au niveau de la CCLO, il convient d’y avoir une présence de poids, déterminée et continue pour mieux défendre avec acharnement les intérêts de notre commune. Le laxisme ou le renoncement à faire entendre notre position haut et fort ne peuvent pas être une attitude de délégués. C’est pourquoi cette responsabilité éminemment critique doit être vue comme à “temps plein”, et donc ne peut pas être décemment relever du maire, bien pris par ailleurs par les affaires propres à la commune. Des conseillers avec une large expérience dans la gestion opérationnelle d'activités territoriales au moins de cette maille seraient nos meilleurs délégués.

Enfin, les réflexions sur les axes de développement et les projets structurants de notre village doivent être amplement partagées au sein, a minima, du conseil municipal, personne n’ayant de vérité absolue en la matière. D’autant qu’à l’échelle de notre collectivité, ce n'est pas à l’occasion de la campagne pour l’élection municipale que de telles décisions ou promesses peuvent raisonnablement être prises ! Elles gagnent donc à être largement débattues.

En résumé, grâce à une telle distribution des tâches au sein du conseil municipal, le besoin d’échanges d’informations et de points de vue sera rendu opportunément nécessaire pour faire avancer notre commune. L’échange, la discussion et la confrontation des points de vue sont en effet les vecteurs de l’effervescence démocratique. 

Il faut ainsi désormais écarter cette idée d’un autre temps de “maire tout puissant avec son cercle restreint de conseillers aux manettes du village”, pour lui préférer le proverbe africain : “seul on va plus vite, ensemble on va plus loin”.

être à l’écoute, savoir communiquer

En plus de savoir mobiliser efficacement l’ensemble du conseil municipal, l’équipe à la tête de la municipalité gagnerait à insuffler du dynamisme au sein de notre collectivité, en consultant et en favorisant l’implication du plus grand nombre dans les grandes décisions à l’échelle du village. J’insiste à rappeler qu’à l’échelle de notre collectivité, ce n'est pas à l’occasion de la campagne pour l’élection municipale que les décisions majeures ou promesses peuvent être raisonnablement engagées !

Une communication, digne de ce nom, entre l’équipe municipale et les administrés est indispensable. Or, le pouls de la population ne se mesure pas sur la base de quelques conversations, sur la voie publique, le jour du marché ou, à l’occasion, avec quelques partisans. Pas plus qu’en faisant fi de réponses à des messages envoyés par écrit à la municipalité. Pas plus qu’en refusant obstinément de partager les rendez-vous majeurs de la vie communale avec des moyens banals de télécommunication et sans coût aujourd’hui (lire mon article de février 2021, du temps du covid, en cliquant sur le lien : une zone de non-droit au village).

Quand bien même l’expression orale et le contact direct sont des moyens appréciables et à privilégier, il n’en demeure pas moins que les mœurs et les techniques évoluent ! Aussi est-il temps que non seulement l’équipe municipale sache répondre aux courriers adressés par messagerie, mais que soient sérieusement mis en place les moyens de communication de notre vie de tous les jours. Pour ne pas entrer ici dans le détail de ce que contiendrait et permettrait une telle boîte à outils, je laisse volontiers les futurs candidats à l’élection municipale détailler leurs vues à cet égard : ne pas le faire les ancrerait dans un passéisme lamentable.

À coup sûr, et à l’instar de communes de toutes tailles et de plus en plus nombreuses, il faut absolument désormais retransmettre en direct les séances du conseil municipal. À coup sûr aussi, de façon transparente, les projets majeurs de la commune en cours d’instruction doivent faire l’objet d’une présentation écrite de qualité sur le site de la municipalité et permettre de recueillir aussi les points de vue des administrés. À coup sûr aussi, un outil bureautique de vote consultatif doit permettre de contribuer à évaluer plus précisément et facilement l’avis de la collectivité. À coup sûr aussi, un bulletin municipal qui donne des informations datant de plusieurs mois en arrière n’a plus de sens aujourd'hui : son support, son contenu et sa périodicité sont à repenser.

maîtrise de soi, hauteur de vue

Enfin, serait-ce trop demander d’avoir des responsables aux commandes de la commune qui sachent se contrôler et faire montre de hauteur de vue ? 

Serait-ce trop demander d'avoir des responsables qui évitent de pousser leur "petite crise d'autorité" en réunion ou au téléphone ?

Serait-ce trop demander d’avoir des responsables qui se refusent d’avancer des arguments de mauvaise foi manifeste, comme par exemple de prétendre “découvrir que les caisses sont vides” en arrivant aux commandes, alors que la situation financière de la commune est (i) un élément du domaine public, (ii) qui plus est votée par le conseil municipal auquel appartenait un certain nombre de ces élus et (iii) n’avait rien d’anormale puisqu’elle correspondait tout simplement à une politique d’investissement connue de tous et approuvée aussi en conseil municipal ? Les futurs candidats gagneront donc en crédibilité à bien prendre connaissance de la situation de la commune avant de commenter, voire d’avancer des propositions…

Serait-ce trop demander d'avoir des responsables qui appliquent strictement les règlements, comme par exemple le code électoral sans distorsion ?

Serait-ce trop demander d'avoir des élus qui connaissent les mécanismes de financement de base et comprennent les logiques financières de plan d'investissement ?

Serait-ce trop demander d’avoir des élus qui sachent tout simplement analyser des problèmes avant de proposer, voire décider, des solutions ?

recherche maire avec profil inspirant 

Avec une équipe qui satisferait ces trois grands principes de management, je serais confiant dans l’harmonie et l’efficacité de la gestion de notre commune, et de son bon développement sur les six prochaines années. Reste à définir néanmoins le profil de l’édile, la personne qui animera l’équipe municipale et sera l’image de notre village.

Compte tenu de la répartition des tâches décrite ci-avant, notre édile devra clairement se consacrer uniquement à notre commune et sans autre perspective élective, sans intention de se servir de ce mandat comme marchepied vers d’autres fonctions.

Une personne qui connaît bien notre collectivité, impliquée de longue date dans la vie de la cité, dans les associations. Une personne qui aime notre village, et que le village apprécie. Une personne, pleine d'empathie, qu’on a ou aurait plaisir à côtoyer.

Une personne qui représente la modernité. Moi qui suis un sexagénaire maintenant avancé en âge, je proclame d'ailleurs sans ambiguïté pour ce type de fonction : “place à la génération suivante !”.

Une personne familière de la gestion des affaires d’une commune, voire d’une communauté de communes.

Une personne qui sache positiver au lieu de se plaindre systématiquement, et qui sache motiver son entourage.

Enfin, et même si cela relève des aprioris qu’on devrait bannir, je suis sûr que la souplesse, la délicatesse, la subtilité et l’intelligence des situations qu’on associe à ce genre, sont autant d’atouts supplémentaires qui militent pour que notre prochain maire soit une maire.

Jean-Michel Cabanes